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SOLO SHOW à la galerie A1043 / du 6 au 30 septembre 2025 / 47 rue Chapon Paris 3e

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Design et vannerie au Ghana
Design et vannerie au Ghana

J’aime les matières brutes et humbles. Je me suis intéressée à la paille et aux herbes séchées car le contraste entre leur frugalité et leur couleur or dit quelque chose de notre rapport aux matières et aux objets qui nous entourent.

Au Niger, par exemple, les femmes fabriquaient des bijoux en marqueterie de paille sur une base de cire d’abeille. Elles ne les portaient que le soir, quand le soleil ne faisait pas fondre la cire et que la pénombre renforçait l’illusion d’un collier d’or. La lecture d’un article au sujet d’agriculteurs français brûlant leur paille après la récolte, par manque de valeur marchande et de débouchées, a été l’élément déclencheur de mon mémoire de Master sur ce matériau (Design Academy Eindhoven, NL, 2013).

La fibre utilisée au Ghana pour la vannerie est issue d’une graminée sauvage, Pennisetum purpureum, communément appelée « herbe à éléphants ». Chaque fibre doit être fendue puis torsadée avant d’être tressée, il faut au final environ trois jours pour réaliser un panier de taille moyenne. Cette technique, chronophage mais formant des vanneries souples et resserrées, est majoritairement utilisée par les femmes.

Dans ma pratique de designer, j’ai besoin de manipuler la matière pour en explorer les formes, c’est pourquoi je vais régulièrement au Ghana pour être avec les tresseuses au centre d’artisanat. Avec un groupe d’une quinzaine d’artisanes, nous partons de mes dessins et expérimentons. C’est une pratique enrichissante pour toutes, la mise en commun des idées et des savoirs est essentielle. Nous développons les techniques, inventons de nouvelles formes, de nouveaux détails, rebondissons d’un volume à l’autre — nous nous convainquons que telle technique est possible, réalisons parfois que ce n’est pas le cas. C’est très intense et foisonnant.

Nous avons fait les premiers prototypes à l’hiver 2014/2015 et depuis 2018 le même groupe d’une cinquantaine de vannières fabrique les sacs Akamae. Cette continuité nous permet de développer les techniques et de réaliser des vanneries plus complexes que la moyenne. L’audace des propositions qui en résulte est la caractéristique de notre collaboration.

Ce travail saisonnier permet aux artisanes de concilier leur métier de vannière et celui d’agricultrice. Chaque tresseuse est indépendante. Le centre d’artisanat avec lequel on travaille forme les tresseuses par groupe pour chaque nouveau modèle et organise la production suivant les commandes. C’est à ce moment-là, collectivement, que le prix de chaque panier est décidé.

Ma collaboration avec les vannières du Ghana est un projet à long terme qui va se ramifier petit à petit vers d’autres domaines que l’accessoire de mode.

La série de sacs Akamae s’enrichit chaque année de nouveaux modèles et se décline en couleurs et motifs. Vous en avez ci-dessous un aperçu.